Je viens de terminer la lecture du livre "Le génie du sol vivant" de Bernard Bertrand et Victor Renaud.
Il y est question de l'absurdité de l'agriculture moderne dite "conventionnelle",
de l'épuisement des sols qu'elle implique, sols qui sont morts, comme on
peut le voir aussi dans le documentaire "Solutions locales pour désordre global" de Coline Serreau (avec un extrait ici).
L'ouvrage appelle à repenser le sol non comme un support de culture,
mais comme partie vivante de la nature, vie qu'il faut protéger, nourrir,
au lieu de "nourrir le sol" ou "nourrir les plantes".
Les auteurs expliquent qu'une des conséquences de l'exploitation agricole
est l'augmentation des inondations et autres glissements de terrains, que
les médias nous présentent en général comme "catastrophes naturelles".
Si la pluie qui tombe en masse est un phénomène relativement naturel
(encore qu'on pourrait évoquer les conséquences de l'activité humaine
sur le climat), les conséquences de ces intempéries ne sont pas vraiment
"naturelles", mais dérivent notamment directement des terres agricoles laissées nues
pendant plusieurs mois de l'année.
Les labours et autres pratiques mécaniques et chimiques ont tué ces sols,
sur lesquels plus rien ne pousse sans engrais. Plus rien n'y vit, insectes, animaux
et champignons les ont désertés, le sol est trop compact, ...
Sans protection, ces sols sont érodés par la pluie, le vent. L'ouvrage montre
des photos de cours d'eau en aval de telles terres d'une part, en aval de
fôrets d'autre part. En aval des terres nues et mortes, lors de chaque pluie
les cours d'eau sont chargés de boue, alors qu'ils restent limpides en aval
des forêts; c'est bien le signe de cette érosion.
Le livre appelle également à jeter un oeil, si on prend l'avion, sur
la surface importante que prennent ces terres nues, afin de se rendre
compte de l'ampleur du phénomène.
Bonne idée ! Une petite recherche "france+inondations" me donne par
exemple la liste des
102 communes sinistrées du Pays basque reconnues en état de catastrophe naturelle.
Voyons maintenant des vues aériennes de ces communes, à l'aide de Google Maps.
Bien sûr, je n'ai pas étudié les profils des terrains, etc, mais ce qui
interpelle sur ces photos, c'est la multitude et la place que prennent
toutes les parcelles nues, en marron, cultivées "conventionnellement"
(certaines portent encore des cultures, selon la date de la prise de vue).
Encore ? cet article évoque les inondations à Paillet (Gironde)
le 25 juillet dernier. Autour de Paillet, le nombre de parcelle exploitées (on ne peut
plus parler de "culture", mais bien d'"exploitation") semble important:
L'article évoque une "montée des eaux mêlées à de la boue".
D'où vient cette boue, à votre avis ?